L’Argent des autres - Émile Gaboriau - ebook

L’Argent des autres ebook

Gaboriau Emile

0,0

Opis

C’est une histoire d’une famille typique de la bourgeoisie du Second Empire qui vive la vie tranquille. Un fois, pendant un dîner avec plusieurs de leurs amis, le banquier Thaller fait irruption chez eux et l’accuse publiquement le père (qui est un caissier principal du Comptoir de Crédit mutuel dont il est le directeur) d’avoir détourné une grande somme d’argent. Quelle obscure machination se cache derrière cette stupéfaction? Pourquoi Thaller ne livre-t-il pas le coupable à la police?

Ebooka przeczytasz w aplikacjach Legimi na:

Androidzie
iOS
czytnikach certyfikowanych
przez Legimi
czytnikach Kindle™
(dla wybranych pakietów)
Windows
10
Windows
Phone

Liczba stron: 794

Odsłuch ebooka (TTS) dostepny w abonamencie „ebooki+audiobooki bez limitu” w aplikacjach Legimi na:

Androidzie
iOS
Oceny
0,0
0
0
0
0
0
Więcej informacji
Więcej informacji
Legimi nie weryfikuje, czy opinie pochodzą od konsumentów, którzy nabyli lub czytali/słuchali daną pozycję, ale usuwa fałszywe opinie, jeśli je wykryje.



Émile Gaboriau

L’Argent des autres

Varsovie 2017

Table des matières

I

LES HOMMES DE PAILLE

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

XIV

XV

XVI

XVII

XVIII

XIX

XX

XXI

XXII

XXIII

XXIV

XXV

XXVI

XXVII

XXVIII

II

LA PÊCHE EN EAU TROUBLE

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

XIV

I

LES HOMMES DE PAILLE

I

Vainement on chercherait dans Paris une rue plus paisible que la rue Saint-Gilles, au Marais, à deux pas de la place Royale.

Là, pas de voitures, jamais de foule. A peine le silence y est rompu par les sonneries réglementaires de la caserne des Minimes, par les cloches de l'église Saint-Louis ou par les clameurs joyeuses des élèves de l'institution Massin à l'heure des récréations.

Le soir, bien avant dix heures, et quand le boulevard Beaumarchais est encore plein de vie, de mouvement et de bruit, tout se ferme. Une à une s'éteignent les grandes fenêtres à tout petits carreaux. Et si, passé minuit, quelque bourgeois regagne son logis, il hâte le pas, inquiet de la solitude et préoccupé des reproches de son concierge qui lui demandera d'où il peut bien revenir si tard.

En une telle rue, tout le monde se connaît, les maisons n'ont pas de mystère, les familles pas de secrets.

C'est la petite ville, où l'oisiveté curieuse a toujours un coin de son rideau sournoisement relevé, où les cancans poussent aussi dru que l'herbe entre les pavés.

Aussi, le 27 avril 1872, un samedi, dans l'après-midi, remarqua-t-on rue Saint-Gilles, un fait qui partout ailleurs eût passé inaperçu.

Un homme d'une trentaine d'années, portant la livrée de travail des serviteurs de bonne maison, le long gilet rayé et le tablier à pièce, s'en allait de porte en porte...

—Qui donc cherche ce domestique? se demandaient les rentières désoeuvrées, tout en suivant ses évolutions.

Il ne cherchait personne. Aux gens qu'il abordait, il racontait qu'il était envoyé par une cousine à lui, excellente cuisinière, laquelle, avant d'entrer en place chez des bourgeois du quartier, tenait comme de juste à prendre ses renseignements. Et cela dit:

—Connaissez-vous, interrogeait-il, M. Vincent Favoral?

Concierges et boutiquiers ne connaissaient que lui, car il y avait plus d'un quart de siècle qu'au lendemain de son mariage, M. Vincent Favoral était venu s'installer rue Saint-Gilles, et ses deux enfants y étaient nés: son fils, M. Maxence, et sa fille, Mlle Gilberte.

Il occupait le second étage de la maison qui porte le numéro 38, une de ces bonnes vieilles maisons comme on n'en bâtit plus, depuis que les terrains se vendent quinze cents francs le mètre, où l'espace n'est pas sordidement mesuré, où les escaliers à rampe de fer forgé sont larges et faciles, où les pièces sont spacieuses, et les plafonds hauts de douze pieds.

—Certes, nous connaissons M. Favoral, répondaient les gens que questionnait le domestique, et si jamais honnête homme a existé, c'est certainement lui. En voilà un auquel on aurait du plaisir à confier ses fonds, si on en avait. Ce n'est pas lui qui jamais filera en Belgique en emportant sa caisse.

Et ils expliquaient que M. Favoral était caissier principal et même probablement un des gros actionnaires du Comptoir de crédit mutuel, une de ces admirables institutions financières qui ont surgi avec le second Empire et qui gagnaient à la Bourse leur premier banco le jour où se jouait dans la rue la partie du coup d'État.

—Oh! je sais la profession du bourgeois, disait le domestique. Mais quel espèce d'homme est-ce? Voilà ce que ma cousine voudrait savoir.

Le marchand de vins du 43, le plus ancien boutiquier de la rue, était mieux que personne à même de répondre. Deux petits verres civilement offerts lui délièrent la langue, et tout en trinquant:

—M. Vincent Favoral, commença-t-il, est un homme de cinquante-deux ou trois ans, mais qui paraît plus jeune, car il n'a pas un poil blanc. C'est un grand maigre, avec des favoris bien taillés, la bouche pincée et des petits yeux jaunes. Pas causeur. Il faut plus de cérémonies pour tirer une parole de son gosier qu'un écu de sa caisse. Oui, non, bonjour, bonsoir, voilà toute sa conversation. Été comme hiver, il porte un pantalon gris, une longue redingote, des souliers lacés et des gants de filoselle. Parole d'honneur, je dirais qu'il a sur le dos les habits que je lui ai vus pour la première fois en 1845, si je ne savais pas que tous les ans il se fait faire deux vêtements complets par le concierge du 29.

—Ah! ça, mais c'est un grigou! grommela le domestique.

—C'est surtout un maniaque, poursuivit le boutiquier, comme tous les hommes de chiffres, à ce qu'il paraît. Sa vie est réglée comme les pages de son grand-livre. Dans le quartier, on ne l'appelle jamais que le Bureau-Exactitude, et quand il passe rue Saint-Louis, qui est donc maintenant la rue Turenne, les négociants règlent leur montre. Qu'il vente ou qu'il grêle, chaque matin que le bon Dieu fait, à neuf heures battant, il met le pied dans la rue pour se rendre à son bureau. Quand on le voit revenir, c'est qu'il est entre cinq heures vingt et cinq heures vingt-cinq. A six heures, il dîne. A sept heures, il sort et va faire sa partie au café Turc. A dix heures, il rentre et se couche. Et, au premier coup de onze heures sonnant à Saint-Louis, crac, il éteint sa bougie...

Dédaigneusement le domestique avançait les lèvres.

—Hum!... fit-il, je me demande si cela conviendra à ma cousine, de vivre chez un particulier qui est comme une horloge.

—Ce n'est pas toujours agréable, observa le marchand de vins, et la preuve c'est que le fils, M. Maxence, s'en est lassé.

—Il n'est plus chez ses parents?

—Il y prend ses repas, mais il loge chez lui, boulevard du Temple... La brouille a fait assez de bruit, dans le temps, et d'aucuns soutiennent que M. Maxence est un mauvais sujet, qui mène une vie de polichinelle... Moi je dis que son père le tenait trop de court... Il a vingt-cinq ans, ce garçon, il est bien de sa personne, et il a une maîtresse dans le grand genre, je l'ai vue... J'aurais fait comme lui.

—Et la fille, Mlle Gilberte?...

—Elle ne se marie guère, quoi qu'elle ait plus de vingt ans et qu'elle soit jolie comme un amour... Avant la guerre, son père voulait lui faire épouser un agent de change, à ce qu'on dit, un homme très-distingué, qui ne venait jamais qu'en voiture à deux chevaux, mais elle l'a refusé net... On m'apprendrait qu'il y a quelque amourette sous jeu, que je n'en serais pas étonné. Je vois rôder par ici un jeune monsieur, qui lève diablement le nez, quand il passe devant le 38.

Ces détails semblaient n'intéresser que fort médiocrement le domestique.

—C'est surtout la bourgeoise, dit-il, qui préoccupe ma cousine...

—Naturellement. Eh bien! vous pouvez lui dire que jamais elle n'aura eu de meilleure patronne. Pauvre madame Favoral! elle en a vu de grises avec son maniaque de mari. Mais elle n'est plus jeune et on s'accoutume à tout. Les jours où le temps est beau, je la vois passer avec Mlle Gilberte. Elles vont faire un tour de promenade à la place Royale. C'est leur distraction...

Le domestique ricanait.

—Mâtin! fit-il. Si le bourgeois ne leur en paye pas d'autres, il ne se ruinera pas!

—Il ne leur en paye pas d'autres, poursuivit le boutiquier. C'est-à-dire, pardon, tous les samedis, et cela depuis des années, M. et Mme Favoral reçoivent quelques-uns de leurs amis: M. et Mme Desclavettes, qui étaient marchands de bronzes, rue Turenne; M. Chapelain, l'ancien avoué de la rue Saint-Antoine, dont la fille est la grande amie de Mlle Gilberte; M. Desormeaux qui est chef de bureau au ministère de la justice, et trois ou quatre autres encore, et comme précisément c'est aujourd'hui samedi...

Mais il s'interrompit et tendant le bras vers la rue:

—Vite, reprit-il, regardez! Quand on parle du loup... Il est cinq heures vingt, voilà M. Favoral qui rentre...

C'était en effet le caissier du Comptoir de crédit mutuel, et véritablement tel que l'avait dépeint le marchand de vins. Et à le voir marcher, la tête baissée, on eût dit qu'il cherchait sur le trottoir la place où il avait mis le pied le matin pour l'y remettre le soir. Toujours du même pas méthodique, il gagna sa maison, gravit ses deux étages et tirant son passe-partout, il entra chez lui.

C'était bien le logis de l'homme, et tout, dès l'antichambre, y dénonçait la manie. Là évidemment, chaque meuble devait avoir sa place invariable, chaque objet irrévocablement sa tablette ou son clou.

Triste logis, d'ailleurs, accusant non pas la pauvreté précisément, mais de médiocres ressources et les artifices d'une économie qui se respecte. La propreté y atteignait les splendeurs du luxe, tout reluisait, mais il n'était pas un détail qui ne trahît la main industrieuse de la ménagère s'obstinant à défendre son mobilier contre les ravages du temps. Le velours des fauteuils avait aux angles des reprises qu'on était tenté d'attribuer à l'aiguille d'une fée. On distinguait des points de laine neuve dans les dessins fanés des devants de foyer. Les rideaux avaient été retournés pour offrir toujours aux regards la portion la moins flétrie.

Tous les hôtes énumérés par le marchand de vins, et deux ou trois autres encore se trouvaient au salon lorsque M. Favoral y entra.

Mais au lieu de répondre à leur salut:

—Où est Maxence? interrogea-t-il.

—Je l'attends, mon ami, répondit doucement Mme Favoral.

Le caissier fronça le sourcil:

—Toujours en retard, gronda-t-il, c'est se moquer à la fin...

Sa fille, Mlle Gilberte, lui coupa la parole:

—Et mon bouquet, père? demanda-t-elle.

M. Favoral s'arrêta court, se frappa le front, et de l'accent d'un homme qui révèle quelque chose d'incroyable, de prodigieux, d'inouï:

—Oublié!... répondit-il, en scandant les syllabes, je l'ai ou-bli-é!...

C'était positif. Tous les samedis, en rentrant de son bureau, il s'arrêtait devant la marchande qui a sa baraque au parvis Saint-Louis, et il lui achetait, pour Mlle Gilberte, un bouquet de saison. Et aujourd'hui...

—Ah! je t'y prends, père! s'écria la jeune fille.

Mais Mme Favoral s'était penchée à l'oreille de Mme Desclavettes.

—Certainement, murmura-t-elle d'une voix troublée, il arrive à mon mari quelque chose de grave. Lui, oublier! Lui, manquer à une de ses habitudes! C'est la première fois depuis vingt-six ans...

L'entrée de M. Maxence l'empêcha de continuer. M. Favoral ouvrait la bouche pour réprimander vertement son fils, mais le dîner était servi.

—A table! cria M. Chapelain, l'ancien avoué, homme conciliant par excellence.

On se mit à table, mais Mme Favoral venait à peine de servir le potage, quand un violent coup de sonnette retentit. Presqu'aussitôt, la bonne parut et annonça:

—Le baron de Thaller!...

Plus pâle que sa serviette, le caissier s'était dressé.

—Le patron! balbutia-t-il. Le directeur du Comptoir de crédit mutuel!...

Sur les talons de la bonne, M. de Thaller entrait... Grand, mince, roide, il avait une tête toute petite, la figure plate, le nez pointu et de longs favoris roux nuancés de fils d'argent, qui lui tombaient jusqu'au milieu de la poitrine.

Plus soigné qu'une fille, il exhalait toutes sortes de parfums. Vêtu à la dernière mode, il portait un de ces amples pardessus à longs poils qui bombent les épaules, un pantalon évasé du bas, un large col rabattu sur une cravate claire constellée d'un gros diamant et un chapeau à bords insolemment cambrés.

D'un regard clignotant, il évalua la salle à manger, le mobilier mesquin, le dîner modeste, et les convives, des bourgeois, assis autour de la table. Et sans même daigner porter à son chapeau sa grosse main étroitement gantée de gris perle, d'un ton cassant et bref, et avec un léger accent qui affirmait être l'accent alsacien:

—Il faut que je vous parle, Vincent, dit-il à son caissier, seul, à l'instant...

L'effort de M. Favoral, pour dissimuler son trouble, était visible.

—C'est que, commença-t-il, nous sommes, comme vous le voyez, entre amis, en famille...

—Voulez-vous que je parle devant tout le monde? interrompit durement le directeur du Crédit mutuel...

Le caissier n'hésita plus.

Prenant sur la table un flambeau, il ouvrit la porte qui donnait dans le salon, et s'effaçant respectueusement:

—Je suis à vous, monsieur, dit-il, prenez la peine de passer...

Et au moment de disparaître lui-même, se maîtrisant encore:

—Continuez à dîner sans moi, dit-il à ses hôtes, je vous aurai vite rattrapés, c'est l'affaire d'un instant, soyez sans inquiétude...

Ils n'étaient pas inquiets, mais surpris, et surtout indignés des façons de M. de Thaller.

—Quel rustre! murmura Mme Desclavettes.

M. Desormeaux, le chef de bureau du ministère de la justice, ricanait. C'était un vieux réactionnaire, fort entêté de ses idées légitimistes.

—Voilà nos maîtres, fit-il, les hauts barons de la féodalité financière... Ah! vous vous êtes indignés de la morgue de la vieille aristocratie, eh bien! à genoux, morbleu! à plat ventre plutôt, devant l'écu d'or sur champ de gueules!...

On ne lui répondit pas. Chacun de son mieux prêtait l'oreille.

Dans le salon, entre M. Favoral et M. de Thaller, une discussion de la dernière violence avait évidemment lieu. En saisir le sens était impossible, et cependant, à travers la porte, dont les panneaux supérieurs étaient vitrés, il en passait des bribes. Et de moments en moments arrivaient distinctement les mots de dividende et d'actionnaires, de déficit et de millions...

—Qu'est-ce que cela signifie, grand Dieu!... gémissait Mme Favoral.

Les deux interlocuteurs, le directeur et le caissier avaient dû se rapprocher de la porte de communication, car leurs voix qui s'élevaient de plus en plus, devenaient tout à fait nettes.

—C'est un guet-apens infâme! disait M. Favoral; il fallait me prévenir...

—Allons donc! interrompait l'autre, est-ce que vous n'étiez pas averti!...

La frayeur, une frayeur vague encore et inexpliquée, gagnait les convives et ils demeuraient immobiles, la fourchette en l'air, retenant leur haleine.

—Jamais! répétait M. Favoral, en frappant du pied si violemment que la cloison en était ébranlée, jamais! jamais!

—Cela sera pourtant, déclarait M. de Thaller, c'est l'unique ressource!...

—Et si je ne veux pas!

—Il s'agit bien de votre volonté, vraiment! C'est il y a vingt ans qu'il fallait ne pas vouloir. Mais écoutez-moi, raisonnons un peu...

M. de Thaller baissait la voix, et pendant quelques minutes, on n'entendit plus rien de la salle à manger que des paroles confuses et d'insaisissables exclamations, jusqu'à ce que tout à coup:

—C'est la ruine, reprit-il, d'un accent furieux, c'est la faillite fin courant!

—Monsieur, disait le caissier, Monsieur...

—Vous êtes un faussaire, monsieur Vincent Favoral, vous êtes un voleur!...

D'un bond, Maxence s'était levé.

—Ah! je ne permettrai pas qu'on insulte ainsi mon père dans sa propre maison! s'écria-t-il.

—Maxence! supplia Mme Favoral, mon fils!...

L'ancien avoué, M. Chapelain, le retenait par le bras, mais il se débattait et il allait s'élancer dans le salon, quand la porte s'ouvrit, livrant passage au directeur du Comptoir de crédit.

Avec un flegme étrange après une telle scène, il s'avança jusqu'à Mlle Gilberte, et d'un ton d'offensante protection:

—Votre père est un malheureux, mademoiselle, prononça-t-il, et mon devoir serait de le livrer immédiatement à la justice... Pour votre sainte et digne mère, cependant, pour votre frère, pour vous surtout, mademoiselle, je n'en ferai rien... Mais qu'il fuie, qu'il disparaisse, que jamais plus on n'entende parler de lui.

Il tira de sa poche une liasse de billets de banque, et les plaçant sur la table:

—Remettez-lui ceci, ajouta-t-il. Qu'il parte ce soir même. La police est peut-être prévenue. Il y a un train pour Bruxelles à onze heures cinq.

Et, s'étant incliné, il se retira, sans que personne lui adressât seulement un mot, tant l'effarement était grand de tous les hôtes de cette maison jusqu'alors si paisible.

Écrasé de stupeur, Maxence était retombé sur sa chaise. Seule, Mlle Gilberte gardait quelque sang-froid.

—C'est une honte à nous, s'écria-t-elle, que de nous laisser ainsi abattre; cet homme est un imposteur, un misérable... il ment!... Mon père...

M. Favoral n'avait pas attendu qu'on l'appelât et il se tenait debout contre la porte du salon, plus pâle que la mort, et calme cependant.

—A quoi bon des explications, dit-il. Ma caisse est vide, toutes les apparences sont contre moi...

Sa femme s'était glissée jusqu'à lui, elle lui prenait la main.

—Le malheur est immense, murmurait-elle, mais non irréparable. Nous vendrons tout ce que nous possédons...

—N'avez-vous pas des amis, ne sommes-nous pas là? insistèrent les autres, M. Desclavettes, M. Desormeaux et M. Chapelain...

Doucement il écarta sa femme, et froidement:

—Que serait ce que nous avons possédé à nous tous? dit-il. Un grain de sable dans un abîme. Nous ne possédons plus rien, d'ailleurs, nous sommes ruinés.

D'un mouvement pareil, les autres se dressèrent, blêmes et les yeux étincelants.

—Ruinés!... s'écria M. Desormeaux, ruinés!... Et les quarante-cinq mille francs que je vous avais confiés!...

Il ne répondit pas.

—Et nos cent vingt mille francs! gémissaient M. et Mme Desclavettes.

—Et mes cent soixante mille francs! criait en blasphémant M. Chapelain...

Le caissier haussait les épaules.

—Perdus, dit-il, irrévocablement...

Alors leur rage dépassa toutes les bornes. Alors ils oublièrent que ce malheureux était leur ami de vingt ans, qu'ils étaient ses hôtes, et ils se mirent à l'accabler de menaces et d'injures sans nom.

Lui ne daignait pas se défendre.

—Allez, prononça-t-il, allez... Quand un pauvre chien entraîné par le courant se noie, les gens de coeur, du haut de la berge, lui jettent des pierres...

—Il fallait nous dire que vous spéculiez, hurla M. Desclavettes...

Sur ces mots il se redressa, et avec un geste si terrible, que les autres, effrayés, reculèrent:

—Quoi! fit-il d'un ton d'écrasante ironie, c'est ce soir seulement que vous découvrez que je spéculais! Chers amis! Où donc et à quelles poches d'autrui pensiez-vous que je prenais l'énorme intérêt que je vous sers depuis des années? Où avez-vous vu l'argent honnête, l'argent du travail donner douze ou quatorze pour cent? L'argent qui rapporte cela, c'est l'argent du tapis vert, c'est l'argent de la Bourse. Pourquoi m'avez-vous apporté vos fonds? Parce que vous étiez persuadés que je saurais bien tenir les cartes. Ah! si je vous annonçais que j'ai doublé vos capitaux, vous ne me demanderiez pas comment je m'y suis pris, ni si je n'ai pas fait sauter la coupe. Vous empocheriez vertueusement. J'ai perdu, je suis un voleur... Eh bien! soit, mais alors vous êtes mes complices. C'est l'avidité des dupes qui fait la friponnerie des dupeurs...

Il fut interrompu par la servante qui rentrait tout effarée:

—Monsieur, s'écria-t-elle, monsieur, la cour est pleine d'agents de police... Ils parlent au concierge, ils vont monter, je les entends.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.